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La Commission européenne renforce sa demande d’informations à Microsoft sur l’IA générative dans Bing

Le 14 mars 2024, la Commission européenne a renforcé une demande d’informations adressée à Microsoft, sollicitant des détails spécifiques sur les risques découlant des fonctionnalités d’IA générative du moteur de recherche Bing, à savoir le “Copilot in Bing” et le “Image Creator by Designer”. Cette demande s’inscrit dans le cadre du Règlement sur les Services Numériques (DSA, dans son acronyme anglais), qui vise à garantir une navigation en ligne plus sûre, plus équitable et plus transparente.

Contexte de la demande

Microsoft, l’une des plus grandes entreprises de technologie au monde, n’a pas répondu à la demande initiale d’informations faite par la Commission. L’entreprise a maintenant jusqu’au 27 mai pour fournir les données demandées. La Commission européenne, par le biais d’une demande juridiquement contraignante, exige que Microsoft fournisse des documents et des données internes qui n’ont pas été divulgués précédemment.

La suspicion est que Bing pourrait avoir violé le règlement des services numériques à travers les “hallucinations” générées, la diffusion virale de deepfakes et la manipulation automatisée de services pouvant induire les électeurs en erreur. Ces préoccupations sont particulièrement pertinentes dans le contexte des élections au Parlement européen prévues pour juin.

Le règlement sur les services numériques (DSA)

Le DSA est entré en vigueur le 17 février 2024, établissant de nouvelles règles pour les plateformes en ligne qui répondent aux critères définis par la Commission européenne. L’objectif principal de la législation est de rendre la navigation en ligne plus sûre, plus équitable et plus transparente. Microsoft, Amazon, LinkedIn, TikTok, Facebook, Instagram et Google ont été désignés comme gatekeepers en raison de la pertinence de leurs services.

Dans le cas de Microsoft, Bing est le service répertorié en tant que VLOP (Very Large Online Platform). Par exemple, Amazon a l’Amazon Store, et Apple a l’App Store. Les gatekeepers sont tenus de réaliser une évaluation adéquate des risques et d’adopter des mesures d’atténuation, conformément aux articles 34 et 35 du DSA.

Implications pour Microsoft

Si Microsoft ne répond pas dans le délai imparti, elle pourrait être confrontée à des amendes allant jusqu’à 1% du revenu annuel total ou du chiffre d’affaires mondial, ainsi qu’à des sanctions périodiques allant jusqu’à 5% du revenu quotidien moyen ou du chiffre d’affaires annuel mondial. La Commission peut également appliquer des amendes pour des informations incorrectes, incomplètes ou trompeuses en réponse à une demande d’informations.

En tant que gatekeeper, Microsoft doit respecter toutes les dispositions du DSA. Les soupçons de violation du règlement peuvent présenter des risques significatifs pour le discours civique et les processus électoraux. La Commission est donc habilitée à demander des informations complémentaires à Microsoft, si nécessaire.

Enquêtes en cours

Cette demande d’informations est un acte d’investigation qui ne préjuge pas des éventuelles mesures supplémentaires que la Commission pourrait décider de prendre. Sur la base des réponses de Microsoft, la Commission évaluera les prochaines étapes, ce qui peut inclure l’ouverture d’une procédure formelle.

La Commission européenne a maintenu une vigilance accrue sur les Very Large Online Platforms (VLOP) ou gatekeepers. Récemment, elle a accusé officiellement Facebook et Instagram de violer les règles de protection des mineurs, également dans le cadre du DSA. En mars, l’Europe a ouvert cinq nouvelles enquêtes contre Google, Apple et Meta, en plus d’enquêter sur AliExpress pour manquement aux mesures d’atténuation des risques.

Défis et contestation du DSA

Le DSA, bien que conçu pour accroître la sécurité et l’équité en ligne, a été confronté à des défis de la part de certaines entreprises. Amazon, par exemple, a contesté la décision d’être classée comme une grande plateforme de services numériques, mais a perdu en justice et a été obligée de se conformer au nouveau règlement.

Ces différends reflètent la tension entre la régulation européenne et les grandes entreprises technologiques, qui ont souvent des intérêts commerciaux conflictuels avec les objectifs de sécurité et de transparence visés par la législation.

Conclusion

Le renforcement de la demande d’informations par la Commission européenne à Microsoft souligne l’importance de la conformité avec le DSA. L’enquête en cours sur les fonctionnalités d’IA générative de Bing met en lumière les défis et les risques associés aux technologies avancées, en particulier dans le contexte des processus électoraux et du discours civique.

À mesure que la date limite du 27 mai approche, la réponse de Microsoft sera cruciale pour déterminer les prochaines étapes de la Commission. Cette situation illustre l’importance croissante de la régulation numérique dans l’Union européenne et l’impact significatif qu’elle peut avoir sur les opérations des plus grandes plateformes en ligne du monde.

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